«C'était plein à craquer, des maçons, des peintres en salopettes prenaient le pousse-café au comptoir où nous attendions que se libère une table. Le menu était affiché à la craie sur un des miroirs, ce jour-là c'était une blanquette de veau. Papa portait une veste en velours et un béret serré comme celui d'Auguste avec bien évidemment une chemise à carreaux. On ne dépareillait pas du tout dans le restaurant où, très vite, on avait trouvé à s'asseoir. Les deux ouvriers à la table à côté ont regardé les mains de Papa, tachées de couleurs diverses, ces mains dont il disait souvent qu'elles étaient imprégnées jusqu'à l'os. Il avait alors plus de soixante-dix ans, mais avec son allure énergique et l'impression de puissance qui émanait de lui, il pouvait très bien passer pour un peintre en bâtiment.
- Vous avez un chantier dans le coin ? demanda l'un deux.
- Je refais un plafond à l'Opéra, répondit mon père, attaquant son oeuf dur mayonnaise.»
C'est mezz mezzrow qui le lui a dit : tout homme se doit d'avoir un jour une bouteille à son nom dans un bar de zanzibar.
En attendant, david mcneil, né dans le bronx et carrossé comme un marin danois, trimbale sa vie de londres à paris, d'athènes à bruxelles, d'amours en amitiés interlopes.
Il voulait être, un soir ou dix minutes, troisième trompette dans le band d'elligton mais ça, c'est un peu tard. alors il fait de tout, des chansons, du cinéma, inventant au passage le steak " godot ". il cultive une large tendresse pour l'humanité en général, avec un net penchant pour le dortoir des filles, partage la cadillac de bouglione avec deux guépards, s'évade d'un asile avec e nymphomane.
Sa vie ressemble à un roman, mais c'est sa vie, un cocktail renversant de grâce et d'arnaque, et s'il lui arrive parfois de vouloir dormir deux mille ans, c'est que le camion de blues n'est jamais garé loin.
« "Vous êtes tous ici parce que vous êtes accros à une chose ou une autre. Je vais vous expliquer comment ne jamais vous laisser piéger. Écoutez-moi, c'est simple : lundi alcool, mardi cocaïne, mercredi haschich, jeudi amphétamines, vendredi héroïne, samedi ecstasy, dimanche L.S.D., Noël et jours de fête quartier libre, morphine, éther, mescaline, tout ce que vous voudrez, avec ce régime, pas d'accoutumance."
Jean ne sourit plus du tout. »
La tentative de désintoxication du narrateur est le prétexte à une épopée turbulente avec son ami musicien, Charlie Wood, dans un Montréal sérieusement bonifié par le rock and roll et la « Blanche de Chambly ».
Le 27 janvier 1997, David McNeil donne un concert exceptionnel à l'Olympia avec tous ses copains chanteurs, juste avant que la prestigieuse salle ne fasse peau neuve. Il évoque ici ses souvenirs truculents ou graves qui le lient à chacun d'eux. On ne s'ennuie pas à l'évocation de ces anecdotes qui révèlent la nature artistique profonde de David McNeil, mais aussi son côté joyeux, sensible, et de fidèle camarade.
Ce récit est conçu comme une fête, à l'image de ce concert où chacun amène un peu de sa personnalité, le lecteur est emporté dans son tourbillon. Au fil des pages, on retrouve çà et là une trace de tous les invités : Souchon, Voulzy, Renaud, Charlebois, Julien Clerc, et, un peu plus loin de nous, Montand, Doisneau ou Chagall.
" mademoiselle blumenfeld, je suis votre vis-à-vis au troisième étage du bâtiment b.
Peut-être vous souvenez-vous de moi, j'ai été l'an dernier la cause d'une pétition qui a circulé dans tout l'immeuble et que vous n'avez d'ailleurs pas signée, je vous en remercie.
Je voudrais tant savoir à quoi correspond ce " s " qui précède votre nom sur votre boîte aux lettres ! est-ce sarah ou sibylle, sandra, samantha ou sophie. peut-être encore suzanne, sonia ou sidonie ?
Oú partez-vous chaque matin pour ne revenir que si tard le soir, portant vos provisions dans ce panier de paille que me semble-t-il vous avez dû ramener d'un voyage aux baléares ? ".
Dans ce récit, divisé en dix périodes qui incluent à la fois chansons et dessins à l'encre de Chine, l'auteur dévoile les sources d'inspiration qui ont influencé son écriture. Dix périodes qui portent la trace des temps forts de son parcours, et lui permettent de revenir pour la première fois sur des événements et des rencontres artistiques qui ont marqué son imaginaire musical.
Après quarante ans d'écriture, David McNeil offre une magnifique traversée de la chanson française.
«Le lit dans lequel je me réveille n'est pas le mien. Il est bien trop haut, bien trop droit, trop étroit, avec des pieds en tubes de métal peints en gris, en ce gris passe-partout, entre gris souris et ciel de novembre, plus clair que celui des navires de guerre, mais plus foncé que ceux des flanelles à la mode au temps où ces bateaux se faisaient la guerre. Des gens pensent qu'il n'y a qu'un seul gris, il y en a des milliers, et de toutes les nuances. Celui dont je parle est universel : c'est ce gris qui annonce la tristesse, sinon le malheur, ce gris de garde à vue, des casiers de vestiaires et des tables de nuit dans les pensionnats, qui pour moi aujourd'hui est celui d'un lieu que je ne connais pas et sur lequel, ce matin, j'ouvre les yeux. Ce n'est pas celui d'une infirmerie ni d'un dispensaire. Peut-être est-ce celui d'un hôpital ou encore d'un asile, j'ai déjà fait trop de séjours dans de tels endroits, ces endroits étranges où on sent qu'un peu partout traînent des âmes, comme celles que Gogol appelait des "âmes mortes".»
« La fête chez les Stones bat son plein, je fais un tour rapide de la cour puis un tour du jardin. Angie n'est pas là. Il y a comme toujours certains habitués et quelques nouvelles têtes, maintenant je connais à peu près tout le monde. Ils ont invité un nouvel orchestre qui tape sur des steel pans. J'aime bien les sons rauques de ces bidons d'essence rétamés et vernis, toujours un peu faux, les musiciens qui jouent aujourd'hui viennent de Trinidad. Je suis venu donner mon adresse à Angie, j'ai écrit une lettre. Je vais pour la glisser sous la porte quand je devine quelqu'un debout derrière mon dos. »
Un grand format tout carton où les illustrations de Jean-Luc Allart s'étalent sur chaque double page dans le décor unique d'une salle de classe, accompagnées d'un beau texte, rythmé et poétique, de David McNeil. Si les instituteurs ne portent plus de blouse grise et les estrades ont disparus des salles de classe, les enfants, en revanche, se rendent toujours à l'école avec leur jouet préféré caché au fond des poches. Si le décor à changé, les rêves restent les mêmes.
Coédité avec Patrick Couratin.
Sous le titre Hollywood, les Hindous..., sont réunis soixante-seize textes qui constituent l'intégrale de son oeuvre écrite et enregistrée par lu-même. "En écoutant Hollywood, affirme Alain Souchon, on a l'impression d'être Harvey Keitel, John Fante et Marianne Faithfull à la fois. On est heureux et triste. C'est simple et comme toutes les chansons simples à écouter, c'est très difficile à écrire".
Sous le titre... Et autres histoires beiges, sont réunis cinquante-cinq textes écrits par McNeil pour Yves Montand (Hollywood, Les Jardins de Monte-Carlo, ...), Julien Clerc (Melissa, Hélène...), Alain Souchon (Casablanca, J'veux du cuir...), Jacques Dutronc et bien d'autres, ainsi que des inédits. Nous disposons désormais avec ces deux volumes Hollywood, les Hindous... et ...Et autres histoires beiges de l'intégrale des chansons de David McNeil.
Dimitri Goldwein-Mayer, au nom si risible qu'il prend des pseudonymes même quand il réserve au restaurant chinois, pense avoir croisé l'Archange Gabriel dans l'ascenseur en panne d'une clinique à Meudon.
Au zinc du bar Balto il apprend, le guignolet-kirch aidant, qu'on n'a droit qu'à une Phrase sur le Grand Livre d'Or pour éviter l'Enfer et sauver son âme quand on glisse du plongeoir ; tentant d'en savoir plus, il écrit à son Dieu...
Parent de Blaise Cendrars et de Buster Keaton mais aussi terriblement humain, l'auteur nous entraîne dans un road-movie haletant, brandissant parfois mine de rien des interrogations concernant l'Existence sur le tempo parfois presque sentimental d'un ancien rock and roll.
C'était il y a longtemps, quand les chats étaient verts du début du printemps à la fin de l'hiver.
Mais sont venus des snobs qui, un jour sans raison, voulurent changer de robe comme on change de saison... Commença l'escalade de " tout gris " en " tigré ", noir et blanc, marmelade, différents pedigrees. Mélangeant des peintures, mêlant l'or et l'argent, s'échangeant des teintures afin de plaire aux gens...