Dans les stéréotypes occidentaux, les touaregs apparaissent comme des guerriers voilés de bleu, nobles et farouches, vivant hors du temps dans les solitudes infinies du désert saharien.
Cette vision caricaturale masque une réalité historique, géographique et humaine infiniment plus complexe. témoignant d'un dynamisme et d'un sens étonnant de l'adaptation, les touaregs ont su tirer le meilleur parti d'un environnement aride - le sahara et ses rives sahéliennes -, développer une économie d'échanges commerciaux, d'élevage et d'agriculture oasienne et inventer une organisation politique et une culture profondément originales.
Malgré la conquête coloniale, malgré un territoire morcelé au moment des indépendances africaines, malgré les sécheresses, la répression ou la marginalisation, ce peuple n'a cessé de tracer des parcours inédits pour survivre dans la dignité. hélène claudot-hawad restitue avec rigueur et sensibilité les grands traits de l'identité touarègue et s'interroge sur l'avenir de ces " nomades interrompus ".
En octobre 1951, un jeune instituteur de vingt-quatre ans, Marceau Gast, arrive au Sahara chez les Touareg Kel Ahaggar, dans le Sud algérien. Pendant trois ans, il sera instituteur nomade, changeant de groupement à chaque rentrée scolaire. Au gré des saisons et des parcours, Marceau Gast photographie les différentes facettes de la vie nomade oscillant entre les ressources rares des monts escarpés de l'Ahaggar et l'abondance des pâturages salés, à six cents kilomètres plus au sud, dans les plaines de la Tamesna. Pour ses hôtes, habiter le désert rime avec nomadisme. Mais, en ce milieu du XXe siècle, la gestion coloniale du vaste territoire des Kel Ahaggar relève de deux administrations distinctes - l'Algérie et le Soudan français - et porte en germe la menace qui s'abattra sur la salutaire mobilité nomade entre montagne et plaine. Les photographies de Marceau Gast témoignent d'un mode de vie qui en quelques décennies s'est profondément transformé. L'instituteur devenu ethnologue en 1960 poursuivra les questionnements nés au cours de son premier séjour. Il constituera un important corpus photographique pour illustrer ses recherches sur l'alimentation en milieu aride et les stratégies mises en oeuvre pour échapper à la famine.
À la fin du XIXe siècle, les Missionnaires d'Afrique partent de préférence dans certaines régions de l'Algérie coloniale pour s'y implanter et amorcer la conquête des âmes d'un continent encore peu connu. Quels regards sur l'autre et sur soi offrent les nombreuses photographies qu'ils réalisent dès leur installation ? Le point de vue qui sous-tend cette écriture visuelle est ici interrogé, s'appuyant à la fois sur les images et sur les écrits des missionnaires pour mieux saisir le contexte de production de leurs extraordinaires clichés.
Notre ouvrage se compose de huit « carnets » illustrés de 30 à 40 photos anciennes, inédites, issues de nos recherches auprès des Archives Générales de la Société des Missionnaires d'Afrique, et des Archives des Soeurs Missionnaires de Notre-Dame d'Afrique à Rome. Elles présentent les premiers pas et l'installation des Pères Blancs en Kabylie et dans les Aurès. Leurs photos révèlent leurs découvertes des populations -, ils adopteront ainsi très vite la manière de s'habiller des habitants afin de se fondre dans l'environnement local -, elles expriment leur vision des villages, montrent leurs expéditions au Sahara, où ils se déplacent armés, et leur approche des nomades touaregs. Leurs clichés témoignent de leurs fondations (hôpitaux et écoles...) et de leur oeuvre qui ont permis de nombreuses conversions et abouti au changement de style des convertis.