Disons-le d'emblée : aucun pays n'a inventé de système parfait permettant de lutter contre le racisme et les discriminations. L'enjeu est d'imaginer un nouveau modèle, transnational et universaliste, qui replace la politique antidiscriminatoire dans le cadre plus général d'une politique sociale et économique à visée égalitaire et universelle, et qui assume la réalité du racisme et des discriminations - pour se donner les moyens de les mesurer et de les corriger, sans pour autant figer les identités, qui sont toujours plurielles et multiples.
« Les questions économiques sont trop importantes pour être laissées à une petite classe de spécialistes et de dirigeants. La réappropriation citoyenne de ce savoir est une étape essentielle pour transformer les relations de pouvoir. » T. P.
En présentant l'évolution en longue durée des inégalités entre classes sociales dans les sociétés humaines, Thomas Piketty propose une perspective nouvelle sur l'histoire de l'égalité. Il s'appuie sur une conviction forte forgée au fil de ses recherches : la marche vers l'égalité est un combat qui vient de loin, et qui ne demande qu'à se poursuivre au xxie siècle, pour peu que l'on s'y mette toutes et tous.
La répartition des richesses est l'une des questions les plus débattues aujourd'hui. Pour les uns, les inégalités n'en finiraient pas de se creuser dans un monde toujours plus injuste. Pour les autres, on assisterait à une réduction naturelle des écarts et toute intervention risquerait de perturber cette tendance harmonieuse. Mais que sait-on vraiment de l'évolution des inégalités sur le long terme ? En réalité, les analyses économiques supposées nous éclairer se fondent plus souvent sur des spéculations théoriques que sur des faits établis.
Fruit de quinze ans de recherches, cette étude, la plus ambitieuse jamais entreprise sur cette question, s'appuie sur des données historiques et comparatives bien plus vastes que tous les travaux antérieurs. Parcourant trois siècles et plus de vingt pays, elle renouvelle entièrement notre compréhension de la dynamique du capitalisme en situant sa contradiction fondamentale dans le rapport entre la croissance économique et le rendement du capital.
Si la diffusion des connaissances apparaît comme la force principale d'égalisation des conditions sur le long terme, à l'heure actuelle, le décrochage des plus hautes rémunérations et, plus encore, la concentration extrême des patrimoines menacent les valeurs de méritocratie et de justice sociale des sociétés démocratiques.
En tirant de l'expérience des siècles passés des leçons pour l'avenir, cet ouvrage montre que des moyens existent pour inverser cette tendance.
Toutes les sociétés humaines ont besoin de justifier leurs inégalités : il faut leur trouver des raisons, faute de quoi c'est l'ensemble de l'édifice politique et social qui menace de s'effondrer. Les idéologies du passé, si on les étudie de près, ne sont à cet égard pas toujours plus folles que celles du présent. C'est en montrant la multiplicité des trajectoires et des bifurcations possibles que l'on peut interroger les fondements de nos propres institutions et envisager les conditions de leur transformation.
À partir de données comparatives d'une ampleur et d'une profondeur inédites, ce livre retrace dans une perspective tout à la fois économique, sociale, intellectuelle et politique l'histoire et le devenir des régimes inégalitaires, depuis les sociétés trifonctionnelles et esclavagistes anciennes jusqu'aux sociétés postcoloniales et hypercapitalistes modernes, en passant par les sociétés propriétaristes, coloniales, communistes et sociales-démocrates. À l'encontre du récit hyperinégalitaire qui s'est imposé depuis les années 1980-1990, il montre que c'est le combat pour l'égalité et l'éducation, et non pas la sacralisation de la propriété, qui a permis le développement économique et le progrès humain.
En s'appuyant sur les leçons de l'histoire globale, il est possible de rompre avec le fatalisme qui nourrit les dérives identitaires actuelles et d'imaginer un socialisme participatif pour le XXIe siècle : un nouvel horizon égalitaire à visée universelle, une nouvelle idéologie de l'égalité, de la propriété sociale, de l'éducation et du partage des savoirs et des pouvoirs.
« Si l'on m'avait dit en 1990 que je publierais en 2020 un recueil de chroniques intitulé « Vivement le socialisme ! », j'aurais cru à une mauvaise blague. Du haut de mes dix-huit ans, je venais de passer l'automne 1989 à écouter à la radio l'effondrement des dictatures communistes et du « socialisme réel » en Europe de l'Est.
Seulement voilà : trente ans plus tard, en 2020, l'hyper-capitalisme a été beaucoup trop loin, et je suis maintenant convaincu qu'il nous faut réfléchir à un nouveau dépassement du capitalisme, une nouvelle forme de socialisme, participatif et décentralisé, fédéral et démocratique, écologique, métissé et féministe.
L'histoire décidera si le mot « socialisme » est définitivement mort et doit être remplacé. Je pense pour ma part qu'il peut être sauvé, et même qu'il reste le terme le plus adapté pour désigner l'idée d'un système économique alternatif au capitalisme. En tout état de cause, on ne peut pas se contenter d'être « contre » le capitalisme ou le néo-libéralisme : il faut aussi et surtout être « pour » autre chose, ce qui exige de désigner précisément le système économique idéal que l'on souhaite mettre en place, la société juste que l'on a en tête, quel que soit le nom que l'on décide finalement de lui donner. Il est devenu commun de dire que le système capitaliste actuel n'a pas d'avenir, tant il creuse les inégalités et épuise la planète. Ce n'est pas faux, sauf qu'en l'absence d'alternative clairement explicitée, le système actuel a encore de longs jours devant lui. [...] ».
T. P.
Précédé d'une préface inédite, complété par des graphiques, tableaux et textes additionnels, ce recueil comprend l'ensemble des chroniques mensuelles publiées par Thomas Piketty dans Le Monde de septembre 2016 à juillet 2020.
Depuis les années 1980, les inégalités sont reparties à la hausse dans la plupart des régions du monde, après une période relativement égalitaire dans l'après-guerre. Faut-il y voir la conséquence implacable de la mondialisation et de la technologie, ou bien plutôt un phénomène proprement politique et idéologique ? Pourquoi de nouvelles coalitions électorales unies par d'ambitieux programmes de redistribution des richesses tardent-elles à se développer, et quel est le lien avec la montée de nouveaux conflits identitaires, incarnée par les succès de Trump aux États-Unis, Le Pen en France, Modi en Inde ou encore Bolsonaro au Brésil ?
Cet ouvrage collectif offre des pistes de réponses à ces questions en retraçant la transformation des clivages politiques dans 50 pays entre 1948 et 2020. À partir de l'exploitation d'enquêtes électorales couvrant de manière inédite les cinq continents, l'ouvrage étudie le lien entre les comportements de vote et les principales caractéristiques des électeurs telles que le revenu, le diplôme, le genre ou l'identité ethno-religieuse. Cette analyse permet de comprendre comment les mouvements politiques sont amenés à coaliser des intérêts et identités multiples dans les démocraties contemporaines. Une telle perspective historique et mondiale s'avère indispensable pour mieux appréhender l'avenir de la démocratie au XXIe siècle.
Toutes les données rassemblées sont mises à la disposition des personnes intéressées dans le cadre de la World Political Cleavages and Inequality Database (www.wpid.world).
« L'objectif du Rapport sur les inégalités mondiales 2018 est de contribuer à un débat mondial mieux informé sur les inégalités économiques en apportant à la discussion publique les données les plus récentes et les plus complètes. L'inégalité économique est un phénomène complexe et multidimensionnel, et dans une certaine mesure inévitable. Néanmoins, nous avons la conviction que si l'aggravation des inégalités ne fait pas l'objet d'un suivi et de remèdes efficaces, elle pourrait conduire à toutes sortes de catastrophes politiques, économiques et sociales ».
Des données exclusives et des analyses essentielles, reposant sur une méthode novatrice qui combine de manière systématique et transparente toutes les sources de données à notre disposition : revenus et patrimoines totaux estimés dans les comptabilités nationales (y compris des estimations sur les avoirs offshore) ; enquêtes déclaratives sur le revenu et le patrimoine des ménages ; données fiscales issues de l'impôt sur le revenu ; données fiscales et administratives sur les successions et les patrimoines ; et classements des grandes fortunes.
Le Rapport sur les inégalités mondiales repose sur le travail collaboratif de plus de 100 chercheurs répartis dans près de 70 pays sur tous les continents. Il est coordonné par Lucas Chancel, Facundo Alvaredo, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman.
- Tout le monde en convient : la fiscalité française est asphyxiée par sa complexité et son manque de transparence, qui menacent de rompre le lien de confiance entre les citoyens et l'impôt. Et pourtant, personne ne fait rien. Pire encore : malgré les discours, l'accumulation invraisemblable de niches fiscales se poursuit chaque année, notamment depuis 2007. Et les propositions de " révolution fiscale " actuellement brandies à gauche comme à droite sont tellement floues et engagent si peu leurs auteurs qu'il y a fort à parier que l'inertie perdurera après 2012. Ce livre tente de rompre avec cet état de fait. Il propose une révolution fiscale précise et opérationnelle dont tous les détails sont chiffrés au grand jour. La remise à plat repose notamment sur une fusion de la CSG de l'IR afin de constituer un grand impôt sur le revenu prélevé à la source, individualisé et progressif. Trois principes guident cette révolution.Équité, d'abord : le prélèvement à la source et la suppression des niches fiscales rétablissent le principe " à revenu égal, impôt égal ". Équité également entre revenus du travail et revenus du capital, qui sont aujourd'hui largement détaxés en France. Progressivité, ensuite : cette refondation permet de mettre en place des taux d'imposition réellement plus élevés pour les hauts revenus que pour les bas et moyens revenus, lesquels, contrairement à une idée répandue, supportent aujourd'hui des impôts extrêmement lourds. Enfin, et surtout, démocratie : les auteurs défendent une réforme précise, et ils donnent aux lecteurs, citoyens et responsables politiques les moyens de concevoir leur propre réforme alternative.
- Camille Landais est chercheur à Stanford. Il est notamment l'auteur de Les Hauts Revenus en France , 1998-2007 : une explosion des inégalités (École d'économie de Paris, 2007). Thomas Piketty est professeur à l'École d'économie de Paris et directeur d'études à l'EHESS. Il est notamment de l'auteur des Hauts Revenus en France au XXe siècle. Inégalités et redistributions, 1901-1998 (Grasset, 2001) et de Top Incomes. A Global Perspective (avec A. B. Atkinson, Oxford University Press, 2010). Emmanuel Saez est professeur à Berkeley. Ses travaux sur la fiscalité optimale et la répartition des revenus lui ont valu la Clark Medal en 2009. Il est notamment l'auteur de Income Inequality in the United States (avec T. Piketty, Quarterly Journal of Economics, 2003).
Comment contenir le déferlement de la vague populiste qui risque de balayer nos démocraties ? Comment prévenir l'éclatement de l'Union européenne ?
Pour mettre fin à des politiques disqualifiées, mettre l'austérité en minorité, lutter contre les inégalités, il est urgent de démocratiser la zone euro. Repris par Benoit Hamon, validé par les meilleurs juristes européens, ce projet de traité institue une Assemblée parlementaire de la zone euro. Ce traité peut être adopté en l'état par les pays qui s'y rallieront. Il a été rédigé une équipe pluridisciplinaire composée de juristes, politistes et d'économistes. Le texte du traité est précédé d'une introduction présentant sa mise en oeuvre de façon pédagogique.