Disons-le d'emblée : aucun pays n'a inventé de système parfait permettant de lutter contre le racisme et les discriminations. L'enjeu est d'imaginer un nouveau modèle, transnational et universaliste, qui replace la politique antidiscriminatoire dans le cadre plus général d'une politique sociale et économique à visée égalitaire et universelle, et qui assume la réalité du racisme et des discriminations - pour se donner les moyens de les mesurer et de les corriger, sans pour autant figer les identités, qui sont toujours plurielles et multiples.
Toutes les sociétés humaines ont besoin de justifier leurs inégalités : il faut leur trouver des raisons, faute de quoi c'est l'ensemble de l'édifice politique et social qui menace de s'effondrer. Les idéologies du passé, si on les étudie de près, ne sont à cet égard pas toujours plus folles que celles du présent. C'est en montrant la multiplicité des trajectoires et des bifurcations possibles que l'on peut interroger les fondements de nos propres institutions et envisager les conditions de leur transformation.
À partir de données comparatives d'une ampleur et d'une profondeur inédites, ce livre retrace dans une perspective tout à la fois économique, sociale, intellectuelle et politique l'histoire et le devenir des régimes inégalitaires, depuis les sociétés trifonctionnelles et esclavagistes anciennes jusqu'aux sociétés postcoloniales et hypercapitalistes modernes, en passant par les sociétés propriétaristes, coloniales, communistes et sociales-démocrates. À l'encontre du récit hyperinégalitaire qui s'est imposé depuis les années 1980-1990, il montre que c'est le combat pour l'égalité et l'éducation, et non pas la sacralisation de la propriété, qui a permis le développement économique et le progrès humain.
En s'appuyant sur les leçons de l'histoire globale, il est possible de rompre avec le fatalisme qui nourrit les dérives identitaires actuelles et d'imaginer un socialisme participatif pour le XXIe siècle : un nouvel horizon égalitaire à visée universelle, une nouvelle idéologie de l'égalité, de la propriété sociale, de l'éducation et du partage des savoirs et des pouvoirs.
«Ce livre rassemble l'ensemble de mes chroniques mensuelles publiées dans Libération de septembre 2004 à janvier 2012. Période qui a été profondément marquée par la crise financière mondiale déclenchée en 2007-2008. Je tente, à plusieurs reprises, de comprendre le nouveau rôle joué par les banques centrales pour éviter l'effondrement de l'économie mondiale, ou bien d'analyser les différences et les points communs entre les crises irlandaises et grecques. Sans oublier les sujets plus classiquement domestiques, mais toujours essentiels pour notre avenir commun : justice fiscale, réforme des retraites, avenir des universités.
Vers la fin de la période, cependant, un sujet se met à éclipser tous les autres : l'Union européenne sera-t-elle à la hauteur des espoirs que tant d'entre nous avons placés en elle ? L'Europe parviendrat- elle à devenir la puissance publique continentale et l'espace de souveraineté démocratique nous permettant de reprendre le contrôle d'un capitalisme mondialisé devenu fou ? Ou bien ne sera-telle, encore une fois, que l'instrument technocratique de la dérégulation, de la mise en concurrence généralisée et de l'abaissement des États face aux marchés ?»
Thomas Piketty est l'observateur attentif de ce qui fait l'envers économique de notre société. Rien n'échappe à la curiosité et la sagacité de cet universitaire, qui est non seulement l'un des chercheur français les plus réputés internationalement, mais également un chroniqueur redouté de la scène politique hexagonale. Qu'il analyse les effets de la crise financière mondiale ou de la réforme des retraites, décrypte les choix gouvernementaux ou les programmes politiques, dissèque les mystères de la taxe carbone ou des feuilles d'impôts de Liliane Bettancourt, on est toujours sûr que Thomas Piketty ne sera jamais là où la bien-pensance voudrait qu'il se cantonne. Car celui qui passe pour un des meilleurs économistes de sa génération - la concurrence est sévère en ce moment dans cette tranche d'âge - est d'abord un anti-dogmatique tonique. II pourfend avec bonheur la doxa libérale sur la baisse de l'impôt, mais il étrille aussi de bon coeur les conformismes de son propre camp, celui de la gauche, qui à force de camper sur des principes laisse la réalité lui filer sous les pieds. Militant obstiné de la redistribution, Thomas Piketty est parmi ceux qui fournissent aujourd'hui les outils d'une redéfinition du projet social-démocrate. Encore faudrait-il que les partis concernés aient le courage de s'en emparer. Ce recueil de chroniques publiées chaque mois dans Libération entre 2005 et 2011 permet aussi de revivre l'actualité économique d'une période riche en rebondissements, profondément marquée par la déflagration économique mondiale, véritable fil conducteur de ces 6 années.
Comment contenir le déferlement de la vague populiste qui risque de balayer nos démocraties ? Comment prévenir l'éclatement de l'Union européenne ?
Pour mettre fin à des politiques disqualifiées, mettre l'austérité en minorité, lutter contre les inégalités, il est urgent de démocratiser la zone euro. Repris par Benoit Hamon, validé par les meilleurs juristes européens, ce projet de traité institue une Assemblée parlementaire de la zone euro. Ce traité peut être adopté en l'état par les pays qui s'y rallieront. Il a été rédigé une équipe pluridisciplinaire composée de juristes, politistes et d'économistes. Le texte du traité est précédé d'une introduction présentant sa mise en oeuvre de façon pédagogique.